Le médecin
généraliste joue un rôle pivot dans la
prévention, le dépistage voire l’orientation vers
une prise en charge des patients ayant une consommation
problématique de médicaments psychoactifs. Il peut
s’agir d’un mésusage, c'est-à-dire la
consommation du médicament non conforme à l’usage
défini par le Résumé des Caractéristiques
du Produit (RCP), présenté dans le Dictionnaire
Vidal®, soit pour la dose (supérieures aux doses maximales
du RCP), soit pour la durée de prise ou pour la voie
d’administration (par exemple, l’administration
intraveineuse de comprimés pilés). L’usage
détourné est défini par une utilisation volontaire
d’un médicament à des fins autres que
médicales, récréatives, amélioration des
performances physiques ou intellectuelles, délictuelles ou
criminelles (soumission chimique). La consommation problématique
de médicaments peut également prendre la forme d’un
abus, défini par le Code de la Santé Publique comme
« une utilisation excessive et volontaire, permanente ou
intermittente, d'une ou plusieurs substances psychoactives, ayant des
conséquences préjudiciables à la santé
physique ou psychique ». Un abus de médicament existe
donc lorsqu’en dépit de conséquences
néfastes sur la santé, le médicament continue
à être consommé en quantité
supérieure à la posologie maximale recommandée
et/ou pendant une période plus longue que celle
recommandée.
Que ce soit un comportement de mésusage, d’abus ou
d’usage détourné, ces consommations
problématiques peuvent conduire à l’installation
d’une pharmacodépendance.
Si le début de ces consommations peut résulter de la
volonté du patient, il peut également se mettre en place
à la suite d’une prescription médicale à
visée thérapeutique. Ainsi les médicaments
opiacés, prescrits pour leurs propriétés
analgésiques ont un effet euphorisant qui est source de
consommations problématiques, retrouvées aussi bien avec
les opioïdes forts (morphine) qu’avec les opioïdes
faibles (codéine, tramadol).
Les professionnels de santé (médecins, pharmacien) sont
en première ligne pour repérer les consommations
problématiques de médicaments et tout
particulièrement ceux pour lesquels le potentiel d’abus et
de dépendance n’est à priori pas connu. La
notification de telles consommations au réseau français
des Centres Régionaux d’Evaluation et
d’Information sur la Pharmacodépendance (CEIP)
permet d’obtenir des données actualisées sur le
plan national. Outre le recueil et l’évaluation des cas
d’abus et de dépendance, les CEIP ont pour objectif
la réalisation d’études
pharmaco-épidémiologiques, comme par exemple
l’enquête OSIAP qui permet d'identifier les
médicaments détournés de leurs usage à
partir d'ordonnances suspectes présentées en pharmacie
d'officine. Ils ont aussi une mission de renseignements des
professionnels de santé et d'information sur le risque de
pharmacodépendance. (
http://www.centres-pharmacodependance.net)
En région Midi-Pyrénées, les cas de consommations
problématiques de médicaments et en particulier les cas
graves d’abus et de dépendance doivent être
signalés au CEIP de Toulouse (tél : 05 61 14 59
64 ; mail :
ceip.toulouse@cict.fr ; site :
http://www.centres-pharmacodependance.net/toulouse)